Le patrimoine bellifontain en danger ?
par Yoann Vallier | La République de Seine et Marne | 11.07.11
Exceptionnel mais fragile : le patrimoine bellifontain a de décennies sans réelle rénovation. «La Rep» fait le point sur les projets de réhabilitation, en cours ou à venir.
L’adjoint au patrimoine Jean-Christophe Laprée a un emploi du temps bien chargé. Il faut dire que le «patrimoine» à Fontainebleau n’a rien d’anecdotique. Il constitue la force de Fontainebleau, ville royale et historique, mais aussi sa faiblesse. Car les bâtiments classés sont aussi magnifiques que fragiles et les réhabilitations sont toujours plus compliquées qu’ailleurs. Alors que la ville va s’attaquer à la salle des fêtes du théâtre, d’autres joyaux ont souffert de ne pas avoir été réellement rénovés ces dernières décennies. «Dans la gestion du patrimoine, il y a aussi des choses moins flamboyantes comme les travaux dans les écoles, souligne M. Laprée. On a la gestion d’un patrimoine qui a été laissé à l’abandon depuis 25 ans ! Et il ne faut pas oublier que nous avons le budget d’une petite ville de 17.000 habitants», si certains chantiers vont devoir attendre, d’autres aperçoivent le bout du chemin. L’ampleur de la tâche est en tous cas immense.
Yoann Vallier
Les édifices patrimoniaux à la loupe.
Travaux de la salle des fêtes à l’automne.
Le théâtre bientôt comme neuf
C’est le chantier patrimonial de l’année à Fontainebleau. La majorité a décidé de terminer la rénovation du théâtre municipal, après la toiture et le mur arrière, avec sa grande salle des fêtes, aujourd’hui complètement obsolète : «C’est le gros morceau avec des contraintes très fortes, nous dit M. Laprée. Il faut restaurer le grand tableau de Tavernier, remettre les éclairages, revoir l’isolation, les huisseries. C’est une salle énergivore et on va faire un gros travail sur les rideaux pour l’isoler». La salle, une fois terminée, deviendra un lieu polyvalent, capable d’accueillir diverses manifestations comme des conférences. Montant de la facture : 860.000 euros, une somme jugée exubérante par l’opposition qui se justifie par la nécessité de recourir à des entreprises spécialisées : «Le théâtre a 100 ans l’année prochaine, justifie l’adjoint. C’est un hommage que nous rendons a l’objet qui est unique. C’est un lieu où les bellifontains vont vivre».
Bientôt une salle aux usages polyvalents
L’étude du bâtiment est terminée
L’église Saint Louis attend son heure
Véritable serpent de mer bellifontain, l’église Saint Louis, du haut de ses 150 ans, à bien besoin d’un coup de jeune. Que ce soit la toiture, l’intérieur, les éléments de décoration ou les vitraux, c’est l’ensemble de l’édifice qui inquiète. La ville, après quelques années de temporisation, a commandé une étude de bâtiment aujourd’hui terminée réalisée par un architecte des monuments historiques. Un vitrail a déjà été déposé pour le restaurer, et donc évaluer l’ampleur du travail à effectuer. Dès la fin de l’année, un programme de travail sera établi : «on va d’abord faire la toiture, dit M. Laprée. On n’a pas constaté de désordres majeurs, mais sur l’enesemble de l’église on sait qu’il y a beaucoup de travail. depuis 25-30 ans, on a fait des rustines. Quelle est la stabilité des éléments de façade ? Il y a de vrais problèmes à résoudre». C’est en tous cas un chantier long, et forcément étalé sur plusieurs années qui s’annonce.
Un «vitrail test» en cours de rénovation
La ville va la racheter pour la sauver
La chapelle en grand danger
S’il y a un élémént du patrimoine bellifontain qui risque de disparaître si rien n’est fait, c’est la chapelle Notre Dame du Bon Secours. Laissée en l’état depuis bien longtemps, elle risque tout simplement de s’effondrer, ou au moins ne plus être rénovable. La faute aux facéties des réglementations françaises : la chapelle, lieu de culte, appartient à l’Eglise mais demeure sur un terrain de l’Etat et du ministère de l’agriculture et des forêts. La ville fait actuellement le forcing pour que le bâti et le terrain soient cédés à la ville pour l’euro symbolique. «L’état ne pouvait pas s’autofinancer pour la rénover, explique M. Laprée. Si la ville la récupère, elle pourra ensuite solliciter des aides pour la rénover. Mais il commence à y avoir urgence à force d’attendre». Les travaux, estimés en 100 et 120.000 euros, pourraient commencer en 2012.
La chapelle est à bout de souffle
La ville toujours en reflexion
La bibliothèque devra attendre
Avec son toit bâché pour ne pas prendre l’eau, la bibliothèque de Fontainebleau n’est plus sur son «31» depuis longtemps. Le dossier est lourd, complexe et a le don d’agacer les bellifontains ainsi que l’opposition. Mais sur ce chantier, la ville est prudente cer elle n’est pas encore sûre de son orientation future : «nous sommes en phase de programmation, dit M. Laprée. On a encore des arbitrages à faire avant d’envisager les travaux». Avant d’entamer les grosses manoeuvres, la ville veut savoir où elle va. «On va vers une dématérialisation du livre. Est-ce que la partie bibliothèque aura à terme moins d’importance ? On doit valoriser le fond ancien et y installer le musée napoléonien». En clair, la ville réfléchie encore et attend d’en savoir plus sur la future carte intercommunale. L’aspect communautaire ou pas de ce projet changera considérablement la donne. En attendant, on continuera à colmater les fuites.
Les lecteurs vont devoir s’armer de patience
Pas de projet de rénovation
Le mur de Ferrare inquiète
Certes il n’est pas aussi majestueux que sa porte restaurée en 1998, mais le mur de Ferrare est un ancien vestige de l’hôtel, oeuvre de Sebastiano Serlio, le premier construit entre cour et jardin. Laissé en l’état, le mur pourtant classé, n’a pas résisté au temps à l’assaut malencontreux d’une pelleteuse. Aujourd’hui une modeste barrière empêche les pierres de tomber sur les passants et Fontainebleau Patrimoine s’alarme. «Oui l’enduit tombe, soupire M. Laprée. On peut s’en émouvoir, mais nous restons vigilants sur son état. Il ne va pas tomber. La ville a besoin de savoir ce qu’elle fera avec l’école des Mines avant de se lancer dans un grand projet». Pas de rénovation prévue avant de connaître l’avenir de la place de Gaulle. «Un coup d’enduit aujourd’hui ne résoudra rien. Qu’est ce qu’on va faire de ce mur ? Ne faudrait il pas mieux mettre en majesté la porte ?», lance l’adjoint.
L’avenir du mur dépendra de celui du parking Boufflers